Stahl Knight

Il nous dévoile les coulisses de sa série en cours, Stahl Knight, de son parcours et de ses projets : nous avons aujourd’hui le plaisir de discuter avec Brian Strom. Ce jeune auteur de 26 ans, originaire de Marseille et installé à Paris, est diplômé en scénario de l’école de Luc Besson. Il a déjà deux publié deux séries chez Naver Webtoon. Si vous êtes curieux de savoir comment transformer une passion pour l’écriture et le dessin en une carrière réussie, cette interview est faite pour vous !

Bonjour Brian, peux-tu nous raconter comment tu as réussi à devenir auteur de webtoon ?

Brian Storm : Bonjour à tous. Je suis originaire de Marseille et je suis installé sur Paris depuis 7 ans, au départ pour mes études et maintenant pour les opportunités de travail. Pas un grand fan de l’éducation nationale, j’ai interrompu ma scolarité avant le bac pour écrire des romans et plus tard me lancer dans des études supérieures de Game Design. Inventer des règles (de jeu), imaginer des univers et des histoires me passionnait. Mais la programmation c’était vraiment pas mon délire, il a fallu que je me redirige sur du scénario pur. J’ai donc intégré l’école de Luc Besson dont je suis diplômé scénariste depuis un peu plus de deux ans. C’est dans la même période que je me suis fortement intéressé aux webtoons et que j’ai rencontré le premier dessinateur avec lequel j’allais collaborer. Nous avons sorti ensemble la série Godstears Legacy après avoir séduit les éditeurs. Et c’est comme ça qu’aujourd’hui à 26 ans je me retrouve avec un Master (RNCP7) sans le bac et ma deuxième série éditée par Naver Webtoon, qui s’intitule Stahl Knight.

De quoi parle ta série Stahl Knight ?

Brian Storm : Les stahl knights sont des genres de chevaliers magiques, les protecteurs du royaume. Dans cette histoire nous suivons en particulier l’aventure de trois personnages qui partagent cet objectif de devenir stahl knight. Chacun d’entre eux a une personnalité bien trempée et des talents propres. Au fil de leur quête nous découvrirons le destin du royaume.

Stahl Knight : les chevaliers magiques

Le postulat de base est assez classique mais je suis tombé amoureux de ces personnages qui sont apparus un soir dans ma tête. L’intérêt n’est pas de trouver de la fraîcheur dans ce concept, mais plutôt dans le traitement de l’histoire : bien qu’il y ait tout de même une certaine fraîcheur à ne pas avoir d’aspect RPG, Isekai ou réincarnation dans les séries webtoons d’aujourd’hui. J’adore l’idée de faire vibrer le lecteur, le tenir en haleine et le surprendre. Chaque personnage, même le plus secondaire, est l’acteur principal de sa vie. Ça passe aussi par l’absence de manichéisme.

Au moment où j’écris ces lignes, nous ne sommes qu’au cinquième épisode, et c’est une histoire qui est amenée à évoluer. Je préfère rester donc assez évasif et vous laisser le plaisir de la découverte.

Combien d’épisodes prévoies-tu de réaliser ?

Brian Storm : Actuellement nous avons 40 épisodes de prévus pour la saison 1. J’imagine au moins une deuxième saison avec ce même nombre d’épisodes, et une troisième pour faire les choses « bien ». Tout va dépendre de plusieurs facteurs, dont le premier est sans doute le succès de la série. Plus une série a du succès et plus c’est facile de trouver les moyens de la prolonger, c’est pourquoi s’abonner est important. Surtout si vous voulez plus de projets de ce type sur Naver Webtoon.

Comment as-tu convaincu Naver de publier ta série en Originals ?

Brian Storm : Après certains problèmes sur Godstears Legacy qui ont amené la série dans une pause toujours d’actualité, il me fallait trouver une deuxième série si je ne voulais pas que tous mes efforts soient vains. Je me suis adapté aux dessinateurs qui croisaient mon chemin. J’ai d’abord écrit une histoire dans un style plus « girly » ou « shojo », puis une histoire dans un format de comédie avec épisodes courts. Nous avons essuyé un refus pour chacun de ces projets, ce n’était pas ce que j’avais profondément envie d’écrire et je pense que les éditeurs attendaient quelque chose de moi. Quand j’ai rencontré Saphir, ma dessinatrice actuelle, ç’a été le déclic. Je savais qu’avec son dessin il serait possible de raconter une histoire comme Stahl Knight. On s’est mis au travail et il n’a pas fallu beaucoup de temps pour convaincre les éditeurs à partir de ce point là. Dès le premier épisode dessiné et les deux suivants storyboardés, Naver Webtoon nous a proposé un contrat d’édition.

Est-ce que le rythme est difficile à tenir ?

Brian Storm : Alors c’est un sujet très intéressant qui va au-delà du cas spécifique de Stahl Knight. Donc je vais faire une réponse un peu plus longue.

Le rythme de Naver Webtoon est étonnamment complexe. Je sais que beaucoup repose sur les épaules du dessinateur et c’est pourquoi je fais le maximum pour alléger son travail. En plus de l’écriture du scénario, je conventionne régulièrement des stagiaires qui nous aident essentiellement sur les couleurs et enfin je m’occupe du lettrage et tout ce qui vient ensuite (export, upload, corrections de l’éditeur quand c’est dans mes cordes…). Avec ma dessinatrice Saphir, nous avons également recruté sur les derniers épisodes une storyboardeuse qui fait un excellent travail.

Le casse-tête du rythme hebdomadaire

Malgré ça nous ne sommes toujours pas au rythme d’un épisode par semaine, et c’est un vrai casse tête. Heureusement que les éditeurs sont très cool sur ce sujet, et nous ont laissé prendre toute l’avance dont on avait besoin avant de lancer la série sur la plateforme.

Cette énigme est l’un de mes plus grands défis. Comment des auteurs coréens et américains font ils pour tenir le rythme, conserver la qualité de leurs œuvres tout en conservant leur santé ? Et cela en prenant souvent tout en charge à leurs débuts ! Je commence à me dire que ce sont des surhommes… Et je suis déjà très heureux de travailler avec une personne aussi sérieuse et disciplinée que Saphir. Du lundi au vendredi nous nous retrouvons pour travailler de 10h00 à 18h30 (avec une bonne pause repas évidemment) et récemment elle a décidé d’elle-même de s’ajouter une partie des samedis.

En ce moment j’explore la possibilité de produire des séries avec un fonctionnement « studio ». C’est une expérience qui est en cours, mais pour que ce système voit le jour en France, il va falloir qu’on trouve plus de moyens pour les séries françaises. Ce système est déjà bien répandu aux Etats-Unis et en Corée du Sud.

Est-ce que tu as des objectifs d’audience pour cette série ?

Brian Storm : Je suis assez ambitieux et je pense qu’il y a un public pour cette histoire. Il n’y pas tant de séries action/fantastique que ça sur Webtoon France. La plupart de ces séries reposent aussi sur des concepts similaires, on l’a dit : de l’Isekai, du MMORPG, de la réincarnation… Je ne me pose pas en héritier de ces séries, mes références sont plutôt les débuts de Tower of God et de God of Highschool qui sont eux-mêmes des héritiers coréens du manga shonen nekketsu.

En route vers les 50 000 abonnés pour Stahl Knight

Cela tombe bien car le shonen nekketsu c’est ce qui séduit le plus de lecteurs en France au-delà du milieu du webtoon. Nous ne visons par forcément des lecteurs déjà installés sur la plateforme mais aussi des lecteurs qui restent à convaincre ou qui auraient fini par fuir en ne trouvant pas ce qu’ils sont venus chercher.

Ayant le même esprit que les histoires qui m’inspirent, je vise le sommet ! Sur la plateforme le succès d’une série est soumise à de nombreux aléas, surtout pour une série française. Je me suis fixé un cap ambitieux, celui d’atteindre les 50 000 abonnés lors de la sortie de l’épisode 20 ! Ce sera dur, mais ce qui est beau quand on vise les étoiles, c’est que même si on échoue, on atteindra la Lune.

Ce qu’il y a de très encourageant, c’est que j’ai évalué en comparant le nombre d’abonnés à la sortie au nombre de vues des 3 premiers épisodes sur la même période, que plus de 55% des lecteurs s’abonnent à la série. C’est un très bon ratio à l’échelle de la plateforme. Depuis cet instant, je sais que tout ce dont la Stahl Knight a besoin, c’est de visibilité. Pour atteindre les 50 000 abonnés, il faut faire découvrir la série à un peu moins de 100 000 lecteurs. Lire Stahl Knight c’est l’adopter !

De Tower of God à Stahl Knight

Quels sont tes webtoons préférés ?

Brian Storm : Comme on pouvait le deviner de mes réponses précédentes, j’ai beaucoup apprécié les débuts de Tower of God et de God of Highschool. Mon préféré of all time, c’est The Boxer ! J’aime aussi beaucoup Horizon du même auteur. Deux chefs d’œuvres à lire absolument, c’est tellement rare quand une histoire conserve son excellence tout du long et offre un super final. Le thriller Bâtard m’a aussi beaucoup surpris en bien il y a quelques années.

Sinon je suis assez difficile dans mes lectures en général, quand je vogue un peu trop longtemps de BD en BD et que j’ai besoin de ressentir du plaisir en lisant un webtoon, je relis The Boxer (rires).

Quelles ont été tes plus grandes influences dans la réalisation de ce webtoon ?

Brian Storm : Le shonen nekketsu donc, et plus généralement des œuvres qui m’ont marqué : Hunter x Hunter, Fullmetal Alchemist, Psycho-Pass S1, Kill la Kill, Gurren Lagann, Mob Psycho 100 mais aussi Sherlock, Shutter Island, Watchmen… Ce sont des œuvres qui ont participé à créer mon style et ma théorie du scénario.

Au niveau de l’univers de ce webtoon, il a été très inspiré de la mythologie gréco-romaine, de mythologies primitives, de religions (je suis athée), d’une approche jungienne des mythes que j’ai approfondie depuis ma découverte de la série Shin Megami Tensei : Persona, et de l’auteur H.P Lovecraft.

Ma dessinatrice Saphir est aussi une grande influence, car je m’adapte à son interprétation de mes scénarios. Je ne suis pas pour diriger des projets tels que celui-ci au millimètre près ; je trouve que ce travail d’adaptation participe au plaisir d’écriture, et sans doute à la liberté créative de la dessinatrice. Evidemment une limite est fixée, et cette limite c’est la cohérence interne de l’histoire et de l’univers. Si certaines chosent se contredisent de manière absolue, c’est un vrai problème (Shanks qui laisse le fruit du démon le plus important de l’univers sans surveillance et à la portée d’un enfant). La suspension d’incrédulité du lecteur est l’un de mes maîtres-mots.

L’ambition du sang bouillonnant

Tes trois meilleurs conseils pour devenir un auteur de webtoon publié en Originals ?

Brian Storm : Mon premier conseil, qui est aussi un bon conseil dans la vie en général, c’est d’être ambitieux ! Plus que des auteurs Originals, ce dont la France a besoin aujourd’hui, ce sont de francs succès internationaux et Naver Webtoon est la plateforme parfaite pour ça. L’ambition ne doit cependant pas vous aveugler, il vous faut toujours analyser vos capacités actuelles. Si vous êtes dessinateur, peut-être qu’il est trop tôt pour se lancer sur telle ou telle série ? Peut-être qu’une série avec des dessins plus simples et des décors 3D, c’est le bon moyen de commencer ? Si vous êtes scénariste, peut-être qu’il ne faut pas se lancer tout de suite dans cette histoire aussi longue que Naruto ? Et commencer avec quelque chose de plus court. L’ambition c’est grimper des marches, et toujours viser la marche du dessus, mais en sautant des marches on risque de se casser la figure !

Se mettre à la place des éditeurs

Mon deuxième conseil c’est de se mettre à la place des éditeurs. Juger son travail d’un point de vue extérieur et essayer de comprendre les attentes que peut avoir un éditeur. Est-ce que je payerais pour ça ? Est-ce que je suis prêt à prendre le risque d’éditer quelque chose d’aussi original alors que c’est le premier projet de l’auteur ? Je vois beaucoup trop de jeunes auteurs auteurs qui pensent à ce qu’ils veulent EUX, mais pour être édité c’est l’éditeur qu’il faut convaincre, alors le plus important c’est d’imaginer ce qu’il veut LUI. Je sais que ça peut sembler péjoratif, mais ça ne l’est pas du tout. L’humanité entière fonctionne comme ça. C’est juste faire preuve d’empathie que d’essayer de comprendre le besoin d’autrui et ça vous sera très utile dans tous les domaines de la vie. Attention tout de même, je ne dis pas qu’il faut se conformer entièrement aux attentes extérieures, c’est la meilleure façon de créer sans le vouloir une œuvre avec des airs parodiques de ce qui se fait déjà. C’est un subtil équilibre à trouver pour faire que votre projet très personnel coche les cases de ce qu’une maison d’édition recherche.

Mon troisième conseil c’est de se persévérer. Ne jamais remettre à demain, ne jamais dire non à une opportunité. Si vous êtes scénariste en herbe, sachez que vous jouez au loto. Si vous réussissez un jour, ce sera forcément grâce à la chance. Mais rien ne vous interdit d’acheter mille, dix-mille, un million de tickets ! Même avec un million de tickets, gagner au loto reste de la chance. Acheter un ticket c’est une métaphore de votre travail. Accepter une opportunité, faire aboutir des projets, construire son réseau… Tout ça équivaut à acheter un ticket. Certaines personnes gagnent au loto en achetant un seul ticket, certaines personnes naissent même dans des familles riches (le piston dans le milieu du scénario est massif). D’autres, ça leur demandera mille tickets pour réussir et certains avec des millions de tickets ne réussiront jamais et c’est la triste réalité de la vie… Bien sûr chaque ticket ne se vaut pas, et il faut savoir jouer les bons numéros. Personnellement je suis de ceux qui ont dû acheter des milliers de tickets, au point où je peux dire que ç’a en été maladif. Je suivais l’actualité de milliers de dessinateurs différents, j’avais lu presque l’intégralité du catalogue de Webtoon France pour être un crack sur le sujet, j’ai fait des études de scénario, participé au tournage d’un film de Luc Besson, écrit sur Wattpad, participé à des concours de nouvelles, des appels à scénarios pour le cinéma, pour la télé…

Ne jamais baisser les bras

Malgré tout ça, c’est grâce à un alignement des planètes que je me retrouve où je suis aujourd’hui : l’un des milliers de dessinateurs que je suivais sur les réseaux cherchait des conseils en scénario et son message est apparu dans mon fil, c’était l’année de mon diplôme et c’est ça qui l’a convaincu de m’écouter : son problème venait du système d’édition des mangas français, et pouvait être résolu en allant sur la plateforme Webtoon de Naver, je le savais car j’avais étudié le format durant des centaines d’heures. Il ne voulait pas risquer son histoire dans un format qu’il connaissait mal, et je me suis donc proposé de lui écrire un scénario. Et c’est comme ça que tous vos efforts et tous vos sacrifices s’assemblent dans un moment de grâce et peuvent vous permettre d’accéder à vos rêves. Si vous êtes dessinateur, c’est beaucoup plus « simple ». Là où le meilleur scénariste au monde peut ne jamais trouver de travail, un excellent dessinateur, pour peu qu’il soit prêt à dessiner, trouvera une opportunité. Donc si vous êtes dessinateur et que vous voulez être édité, dessinez plus, persévérez. Lancez vous des défis pour vous améliorer, votre destin est entre vos mains ! Accordez tout votre temps libre au dessin, vous vous améliorerez bien plus vite qu’en essayant d’être un touche-à-tout. Si vous avez des lacunes en scénario prenez un scénariste (un scénariste peut aussi vous aider à écrire votre propre histoire), si vous avez des lacunes en couleur prenez un coloriste, etc. Un bon dessin et un esprit travailleur finira par vous ouvrir toutes les portes. Esprit Rock Lee, les amis !

Merci Brian pour le temps que tu nous as accordé et pour tes réponses éclairantes. Ton parcours est une véritable source d’inspiration pour tous ceux qui rêvent de percer dans le monde du webtoon !

Avec son ambition, sa persévérance et son talent, Brian, tel un héros de manga shonen nekketsu, nous prouve que tout est possible. N’oubliez pas de suivre sa série Stahl Knight sur la plateforme Webtoon de Naver, et de vous abonner pour soutenir son travail et l’aider à atteindre ses ambitieux objectifs !