Webtoons : un terrain d’expérimentation en pleine mutation
C’est à l’occasion du festival PIX de la Plaine Images à Tourcoing que Sébastien Herbaux et Hervé Créac’h ont échangé sur l’avenir de la bande dessinée numérique et les défis liés au webtoon. Une discussion passionnante entre formation, création et stratégie économique.
Hervé Créac’h représente Allskreen, la filiale d’Ankama dédiée aux webtoons. Il précise :
« Allskreen, comme son nom l’indique, est une plateforme dédiée aux webtoons. Nous y adaptons le catalogue d’Ankama […] en formats verticaux scrollables, typiques des webtoons. »
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Allskreen n’est pas fermée aux projets extérieurs.
« Si un étudiant de Piktura a développé un webtoon qui nous séduit, il peut tout à fait venir présenter son travail. »
Mais attention, le rythme professionnel reste exigeant :
« Si nous devons adapter un 48 pages en format webtoon, nous terminons généralement l’adaptation en 4 à 5 jours. »
Côté formation, Sébastien Herbaux, de l’école Piktura, insiste sur la nécessité d’une polyvalence technique, narrative et artistique :
« Les étudiants suivent à la fois des cours de colorisation et de scénarisation. L’essentiel est qu’ils soient capables de comprendre une production de manière complète. »
Quant aux débouchés, la réalité du secteur impose d’être lucide.
« Dans 99 % des cas, il faut être très bon. Aujourd’hui, 80 % de nos étudiants sont freelances. »
Et Hervé Créac’h de compléter :
« Même si Ankama internalise beaucoup, il arrive toujours un moment où l’équipe est au complet, et il devient nécessaire de faire appel à des freelances. »
Enfin, sur la question du modèle économique, la prudence est de mise :
« Aujourd’hui, nous offrons des packs d’épisodes prépayés, mais demain, il n’est pas exclu que nous proposions aussi un modèle d’abonnement. »
Face aux défis de l’IA, de la concurrence internationale et de la rentabilité, le webtoon reste un secteur mouvant, mais riche en opportunités pour les auteurs agiles et passionnés.