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The Witch and the Beast

Fantastique • Manga • Thriller
Par le 15 juillet 2021

The Witch and the BeastMajô to Yajû de son titre japonais – est un manga illustré et écrit par le mangaka Kousuke Satake, publié en version originale en 2016 par Kodansha, et en version française en 2021 par les éditions Pika.

Un seinen explosif

The Witch and the Beast est une histoire prenante, appartenant aux genres fantastique, aventure et action, aux caractéristiques du thriller. Nous suivons les aventures de deux personnages aux personnalités diamétralement opposées. Tout d’abord, Ashaf : un jeune homme élégant, maniéré, calme et mystérieux. Peu importe la situation, il choisit toujours la discussion paisible avant la bagarre. Ce qui n’est clairement pas le cas de sa coéquipière : Guido. Cette dernière représente, en effet, tout l’inverse d’Ashaf : elle est bornée, agressive, vulgaire et bagarreuse. En résumé, on peut affirmer sans trop de risque qu’elle possède un caractère bien trempé.

Tous deux ont des objectifs bien précis. Mais qui sont-ils? Membres d’une organisation appelée « l’Ordre de l’Écho Noir », leur but est de régler les affaires de sorcellerie… par la sorcellerie. Car, en effet, nous nous trouvons dans un monde où créatures fantastiques – magiciens, sorcières, invocateurs, etc. – et humains cohabitent ensemble. Mais, comme on peut s’y attendre, certaines de ces créatures utilisent leurs capacités uniques à mauvais escient. Et c’est là qu’interviennent Ashaf et Guido, leur but étant de régler les affaires impliquant une quelconque forme de magie.

Les sorcières de ce monde sont connues pour être d’une beauté extraordinaire et pour arborer des symboles incantatoires sur leur peau

Lui, magicien, ne veut qu’accomplir les missions envoyées par l’Ordre – qui peuvent passer du simple vol de banque aux meurtres en série – et faire son travail. Quant à elle, la « Bête »… Disons que son objectif est différent. Guido n’est entrée dans l’Ordre que pour assouvir son besoin de vengeance, autour d’une affaire mystérieuse : elle a été maudite par une sorcière dont elle n’a aucun souvenir. Elle a donc pris la décision de rejoindre l’Ordre dans l’espoir de la retrouver et de la tuer.

Un mélange entre action et enquêtes

Si le manga peut être qualifié « d’explosif », c’est bien pour une raison. L’histoire, remplie d’enquêtes intrigantes suivies de combats, nous maintient en haleine. Premièrement, le passé de Guido attire le spectateur par son mystère : que lui est-il arrivé? Pourquoi ressent-elle une telle haine des sorcières? Qui est-elle réellement? Beaucoup de questions à se poser, et je ne parle même pas d’Ashaf, qui se cache derrière des sourires mielleux et un humour sarcastique.

A gauche, Guido, à droite, Ashaf

Le manga se divise en plusieurs affaires magiques, impliquant – ou non – des sorcières, ce qui intéresse particulièrement Guido lorsque c’est le cas. Nous suivons dès lors plusieurs enquêtes impliquant des êtres surnaturels et chaque affaire nous permet d’en apprendre un peu plus sur nos personnages principaux et d’être les témoins de leur intelligence et leurs capacités au combat. Les affrontements sont prenants et ne retombent jamais à plat.

L’histoire allie habilement scènes de dialogue et d’exposition et scènes d’action, en créant un équilibre qui facilite la lecture et nous plonge chaque fois un peu plus dans l’intrigue. Le manga arbore plusieurs qualités. Premièrement, les dessins. Kousuke Satake transmet son histoire au travers de dessins magnifiques et maîtrisés, qui expriment avec simplicité les émotions des personnages. Deuxièmement, les éléments de l’histoire, que le mangaka s’est réapproprié à sa manière. Les histoires de sorcières et de magiciens, on en a tous vu passer, mais l’auteur arrive à renouveler le concept et à lui apporter une touche qui fait de ce manga une expérience de lecture à part entière.

Cependant, la plus grande qualité de ce manga, c’est bien les personnages.

Des personnages uniques

On ne va pas se mentir : beaucoup de mangas possèdent des personnages assez cliché. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, il faut reconnaître que l’on voit très souvent les mêmes types de personnages. Ici, Kousuke Satake reprend encore une fois ces clichés, et les manie pour nous présenter des personnages nouveaux, tordus mais étrangement attachants.

Une des forces de ce manga, dans le contexte des personnages, c’est l’écriture des personnages féminins. On peut premièrement relever qu’il n’y a aucune sexualisation quelconque, et ça, ça fait du bien. Les femmes qui apparaissent dans l’histoire sont fortes, intelligentes, utiles, savent se battre et se débrouiller et ne tombent pas dans le cliché des demoiselles en détresse.

Guido, énervée et blessée, comme à son habitude

Chaque personnage féminin de The Witch and the Beast exhibe une personnalité différente, qui ne tombe pas dans les stéréotypes, comme « la fille timide », « la fille sexy », etc. Ici, on a affaire à des femmes qui prennent les choses en main quand c’est nécessaire et dont on ne rappelle pas le sexe/genre constamment. Aucune romance n’est forcée et cela permet à l’histoire et aux personnages de respirer et d’avoir plus de place pour eux-mêmes.

L’exemple le plus parlant est Guido. Elle est l’incarnation de l’impulsivité et de la férocité. Dès le début de l’histoire, on sait à quoi s’attendre : elle plonge dans le combat sans aucune hésitation. Elle n’a peur de rien et a confiance en ses capacités. C’est une véritable bouffée d’air de voir dans un manga récent un personnage féminin fort, indépendant et non-sexualisé. Elle est toujours au cœur de l’action et ne recule devant aucun danger. Chacune de ses apparitions débordent de classe et de bestialité mélangées.

Cependant, elle n’est pas la seule. Dès le tome 2, on nous introduit de nouveaux personnages, également membres de l’Ordre de l’Écho Noir : l’invocatrice Fanola et son serviteur Johann. Ces derniers sont appelés sur une affaire de zombies – appelés les réanimés – qui seraient violents. Tout le long de cette affaire, nous sommes témoins de l’intelligence froide de Fanola, mais pas que. Elle reste toujours calme, composée et parfaitement maître de la situation. Bien qu’elle possède un caractère opposé à celui de Guido, Fanola n’en est pas moins forte. Non seulement elle résout l’affaire sans souci, et sans jamais se départir de son calme olympien, mais elle rivalise avec ses ennemis en faisant preuve d’une puissance incroyable.

Fanola, experte en nécromancie

En bref, The Witch and the Beast est une histoire prenante, remplie de personnages intéressants et de mystères intrigants. Si vous aimez les histoires policières fantastiques sur fond de magie, ou si vous recherchez simplement une nouvelle histoire dans laquelle vous plonger, lisez ce manga. Le détour en vaut la peine.