Le tatouage dans les mangas : entre tradition, pouvoir et beauté
Le tatouage, entre tabou et héritage
Au Japon, le tatouage — même s’il apparaît dans les mangas — est un sujet culturellement sensible. Historiquement associé aux yakuzas et au monde criminel, il évoque encore aujourd’hui la marginalité et le danger. Certains lieux publics, comme les bains ou les piscines, continuent d’en interdire l’accès aux personnes tatouées.
Même si cette perception évolue lentement — portée par des générations plus jeunes et des artistes qui partagent leur talent à l’international — les préjugés restent tenaces. Les mangas, en tant que reflets de la société japonaise, s’en font souvent l’écho.
Dans ces récits dessinés, le tatouage devient un puissant outil narratif. Il évoque un passé trouble, une appartenance à un groupe, ou encore une force cachée. Et comme dans la réalité, sa représentation ne cesse de se diversifier.
Tatouage et criminalité : l’héritage des yakuzas dans les mangas
Dans de nombreux mangas, le tatouage est directement lié à l’univers des yakuzas. Il est utilisé comme symbole d’intimidation, de loyauté et de puissance. Ces tatouages, souvent inspirés du style traditionnel japonais appelé irezumi, représentent des dragons, des tigres ou d’autres créatures mythologiques. Dans la logique des clans, se faire tatouer est ainsi un acte de bravoure, une épreuve à surmonter pour être accepté. Après tout, subir une telle douleur est tout autant un entraînement qu’un avertissement pour les autres.
On retrouve ces tatouages bien particuliers dans Criminelles fiançailles de Asuka Konishi. Kirishima Miyama, l’un des personnages principaux, y arbore des tatouages sur les épaules et le dos, signe de son statut au sein de son clan. Son rival, Shouma Toriashi, affiche quant à lui deux bras entièrement tatoués montrant qu’il n’a rien à envier à son antagoniste.
L’un des exemples les plus parlants reste Tatsu dans La voie du tablier de Kōsuke Oono. Ancien yakuza redouté, il conserve son allure intimidante malgré sa reconversion en homme au foyer et sa gestuelle comique. Même en dehors des yakuzas, dans des gangs plus “modernes”, le tatouage reste un marqueur fort. Dans Tokyo Revengers de Ken Wakui, Draken et son dragon sur le crâne, ou les frères Haitani et leurs tatouages symétriques, perpétuent cette tradition intimidante.

Le tatouage comme source ou sceau de pouvoir
Dans les mangas fantastiques ou les shōnen, le tatouage dépasse le simple symbole. Parfois lié à un pacte, une malédiction ou un rituel, il confère au corps une puissance hors norme. Mais à quel prix ?
Parmi ces exemples, on retrouve des personnages maudits ou possédés, comme Oga Tatsumi (Beelzebub), dont le sceau le liant à Beel grandit à mesure qu’il utilise ses pouvoirs ; Sasuke (Naruto), marqué par le sceau maudit d’Orochimaru, véritable symbole de pouvoir corrupteur ; ou encore Yuji Itadori (Jujutsu Kaisen), dont les tatouages apparaissent comme la manifestation de la possession de son corps par le démon Sukuna.
Certains tatouages sont des outils. Shura Kirigakure (Blue Exorcist) scelle des armes maudites dans les siens, tandis que Scar (Fullmetal Alchemist) utilise son bras tatoué pour pratiquer une alchimie sans cercle. Plus récemment, Mogari Shishikuno (Phantom Buster) utilise ses pouvoirs d’exorciste grâce à un tatouage peu commun sur sa langue.

Tatouer les liens du cœur
Pour Scar comme pour d’autres, le tatouage est aussi un moyen de ne jamais oublier. C’est un lien, une promesse qui incarne l’attachement, la loyauté et l’identité. En effet, nos personnages préférés ne sont pas si différents de nous, et encrer sa peau reste parfois plus efficace qu’écrire un mémo.
Dans One Piece, Ace, Trafalgar Law ou Nami — et bien d’autres — portent des tatouages qui racontent leur histoire et leur place au sein de l’équipage. Même logique dans Reborn! de Akira Amano, où Dino Cavallone arbore les armes de sa famille mafieuse. Ou encore dans Fairy Tail, où chaque membre affiche fièrement l’emblème de sa guilde, véritable tatouage de cœur.

Que ce soit dans la piraterie ou la mafia, marquer ainsi sa loyauté fait écho aux yakuzas. Ces marques ne sont pas imposées. Elles sont choisies et rappellent qu’on n’est jamais vraiment seul, peu importe la distance qui nous sépare.
Esthétique et affirmation de soi
Dans d’autres univers, le tatouage est avant tout une signature. Une manière de se démarquer et d’afficher sa singularité.
Il semblerait que les motifs tribaux soient à la mode comme le montre Renji Abarai (Bleach) ou Nash Gold Jr. (Kuroko no Basket). Les mangas de romance n’y échappe pas. Chez Izumi Miyamura (Horimiya), ses tatouages, d’abord cachés, sont à l’opposé de son image d’étudiant discret et révèlent sa vraie personnalité.
Impossible de passer à côté des personnages féminins emblématiques. Pour Revy (Black Lagoon), le tatouage tribal reflète sa force brute et son caractère explosif, tandis que pour Medusa Gorgon (Soul Eater), les motifs de serpent renforcent son côté maléfique et manipulateur.
Ici, l’encre est une manière d’exister qui rend les personnages uniques.

Le tatouage dans les mangas : plus qu’un dessin, un témoignage
Dans les mangas, les tatouages ne sont jamais anodins. Ils racontent, révèlent et renforcent les liens. Ce sont des cicatrices portées avec fierté, des symboles de pouvoir ou d’amour, des armes ou des héritages.
Certains empruntent aux codes traditionnels japonais tandis que d’autres sont de pures inventions. Mais tous ont une fonction narrative forte. L’encre devient langage et sur la peau des personnages, c’est toute une vie qui s’écrit.
Ces marques fictives inspirent aussi dans la réalité. Certains fans choisissent de se faire tatouer les symboles de leur personnage préféré, un sceau magique ou l’emblème d’un équipage, comme une manière d’emporter un peu de cette force avec eux. Le tatouage franchit alors les frontières entre fiction et réalité, entre les pages et les peaux encrées. Ainsi, l’histoire continue de vivre à travers les fans, qui, deviennent eux-mêmes des porteurs de l’histoire.
Et vous, quel tatouage de personnage vous a le plus marqué ?