Littérature LGBTQ+ : quand écrire devient un crime en Chine
En Chine, écrire de la littérature LGBTQ+ est considéré comme un crime.
Et si le simple fait d’écrire une histoire d’amour devenait un délit ? C’est la réalité glaçante qui frappe actuellement plusieurs autrices chinoises. Leur crime ? Publier des romans danmei, ces récits de romances homosexuelles masculines prisés en ligne par une immense communauté de lecteurs et lectrices. Mais derrière ces fictions imaginées pour divertir ou émouvoir se cache désormais une menace bien réelle : celle de l’arrestation.
Littérature interdite, crime national, succès mondial
Ce qui frappe, c’est le contraste. Tandis que ces autrices sont traquées dans leur propre pays, le danmei explose ailleurs. Des titres comme Mo Dao Zu Shi (Grandmaster of Demonic Cultivation) ou Tian Guan Ci Fu (Heaven Official’s Blessing) ont conquis le monde. Adaptés en séries animées de grande qualité, traduits en anglais, en espagnol, en français, ces récits ont fédéré des millions de fans.
Des conventions aux réseaux sociaux, les communautés s’organisent pour célébrer ces œuvres. On y parle de fraternité, d’amour impossible, de tragédies sublimes — et souvent, dans des formes très pudiques. Pas de scènes explicites dans ces adaptations. Ce sont des œuvres élégantes, subtiles, parfois métaphoriques.
Mais ce succès international ne plaît pas toujours au pouvoir en place. Car ces récits véhiculent autre chose : une ouverture, une liberté d’imaginer autrement. Ils montrent à la jeunesse chinoise qu’il existe d’autres modèles que ceux proposés officiellement. Ils esquissent, à travers des romances fictives, la possibilité d’aimer différemment. C’est cette liberté-là qui dérange.

Chine : quand la littérature LGBTQ+ devient crime
La littérature LGBTQ+ se retrouve au cœur d’un dispositif de contrôle strict en Chine, où toute forme d’expression jugée déviante est censurée et considérée comme un crime. Face à cette répression, de nombreuses autrices préfèrent se cacher. Pseudonymes, plateformes étrangères, réseaux privés… Écrire devient un exercice dangereux. Chaque arrestation, chaque condamnation crée une onde de choc dans la communauté des créateurs. Certains arrêtent d’écrire. D’autres persistent, avec prudence. Le risque est là, permanent, pesant.
Cette vague de censures ne touche pas seulement le danmei. Elle s’inscrit dans un durcissement plus large du contrôle culturel en Chine : séries modifiées, œuvres retirées, artistes contraints de se conformer à des normes strictes. Mais le danmei, par sa popularité et par son audace implicite, devient un symbole.
Car derrière ces histoires de romances interdites, c’est aussi une forme de résistance qui s’exprime : celle de raconter malgré tout. Celle de rêver autrement.
La question persiste : pourquoi ces fictions inquiètent-elles autant ? Ce n’est pas tant pour leur contenu explicite — souvent inexistant — que pour ce qu’elles incarnent. Ces récits ouvrent des imaginaires que le pouvoir ne contrôle pas. Ils proposent d’autres visions de l’amour, d’autres récits de soi, d’autres façons de rêver le monde.
Dans un système où tout doit rester dans des cadres rigides, ces histoires deviennent des brèches. Petites, fragiles, mais puissantes.
C’est précisément ce qu’incarnent Mo Dao Zu Shi ou Tian Guan Ci Fu : des récits qui parlent autant de destins tragiques que de la beauté de résister par le sentiment, par le lien, par la tendresse.

Résister par la littérature
Écrire devient alors un acte politique. Même une simple romance peut déranger lorsqu’elle raconte la possibilité d’aimer librement. Même une histoire douce peut devenir subversive lorsqu’elle propose d’autres modèles que ceux imposés.
Mais malgré la censure, malgré les arrestations, ces récits continueront d’exister. Ils passeront les frontières. Ils seront lus en cachette. Ils seront traduits, partagés, transmis.
Parce que les histoires trouvent toujours un chemin.
Et peut-être que, dans ces lignes écrites dans l’ombre, résonne quelque chose de plus grand qu’un simple roman : l’affirmation douce, mais inébranlable, que l’imaginaire ne se laisse jamais réduire au silence.
Si ces histoires t’intriguent, on t’ouvre la porte du monde du Boy’s Love dans cet article.