Interview de Bryan Wetstein sur la printoonisation

Par le 7 avril 2023

La printoonisation se faisant de plus en plus courante avec l’explosion qu’ont subi les webtoons dans le monde entier, nous avons eu l’occasion d’interviewer Bryan Wetstein, encreur, coloriste et lettreur chez MAKMA pour qu’il nous en dise plus à ce sujet.

En quoi consiste la printoonisation ?

Bryan Wetstein : La printoonisation, c’est le fait de transformer une bande dessinée, un dessin animé ou un webtoon en un livre papier, comme l’a fait MAKMA avec Captain Tsubasa dernièrement.

Livre de Captain Tsubasa crée grâce à la printoonisation
Captain Tsubasa

Comment faites-vous pour appliquer ces transformations ?

Bryan Wetstein : Pour les animés, on se sert de screens. Puisque le format est horizontal, c’est plus simple. Par contre, pour les webtoons, c’est différent, le format est vertical ! On doit donc faire de notre mieux afin de tout bien adapter. Il faut gérer la narration, le rythme, les bulles sans images lorsqu’il y en a, etc. Il est aussi important de se fixer un nombre de cases par page. En moyenne, on met 4 à 5 cases par page. Pour les scènes plus dynamiques, on augmente le nombre de cases afin de s’adapter à la vitesse de lecture.

Puisque le format est aussi différent, avez-vous le droit d’apporter des modifications à l’oeuvre ?

Bryan Wetstein : Il nous arrive parfois de devoir décomposer une seule action en plusieurs cases. C’est-à-dire que si une image est trop grande, on s’autorise à la découper afin d’en faire plusieurs cases. On doit aussi refaire les bulles. Puisqu’elles sont dans un format trop petit pour un livre, on les recrée et on les remplace en faisant quand même attention au sens de lecture. 

Évidemment ce qu’on fait, c’est de l’adaptation graphique, donc on respecte le plus possible l’œuvre de l’auteur. Il faut à tout prix conserver au maximum ce qu’il a voulu transmettre comme émotions.

Combien êtes-vous à travailler sur la printoonisation ?

Bryan Wetstein : En ce qui concerne les maquettistes, il y a quatre personnes. Ce sont elles qui s’occupent de recréer les pages, de positionner les cases, etc. On compte aussi quatre bulleurs, ce sont ceux qui s’occupent de recréer les bulles. Puis on a deux personnes qui s’occupent du lettrage. Pour un projet, généralement, on essaye de mettre 3 personnes, tout en sachant que parfois, le maquettiste peut s’occuper des bulles.

Comment se passe l’organisation d’un projet ?

Bryan Wetstein : Hors demande spécifique de la part d’un client, on essaye de garder les mêmes paramètres dès le début du projet. Pour des livres de 250 pages, on passe environ 6 semaines sur la création. On essaye de faire en sorte que chaque épisode de webtoon corresponde à un chapitre manga. Donc ça fait entre 12 et 20 pages, avec à chaque fois environ 5 cases et demie.

Lors de la création, comment gérez-vous la différence de culture ?

Bryan Wetstein : Les coréens font beaucoup de BD numériques mais ils n’ont pas une grande culture de la BD sur papier. Parfois, il y a des pages peu remplies, qui ne correspondent pas au marché européen, qui demandent plus de visuels et inévitablement ça se vend mal. Puisqu’on adapte tout, on fait en sorte que les inter-cases soient homogènes pour éviter le plus possible trop de blancs. Pour le lettrage, on garde les codes du lettrage papier. C’est-à-dire qu’on fait en sorte que la police ait toujours la même taille, ce qui rend le livre beaucoup plus propre.

Et c’est ainsi que se conclut notre interview avec Bryan Wetstein, que l’on remercie une nouvelle fois pour non seulement nous avoir accordé de son temps, mais aussi aiguillé sur ce nouveau chapitre de l’histoire de la littérature.

Si vous n’avez pas assez étanché votre soif et que vous souhaitez en découvrir encore plus, alors n’hésitez pas à lire l’article de MAKMA qui parle en détails de son service Printoonize ! Et enfin, pour ceux qui voudraient profiter de webtoons sous des formats différents, alors n’attendez plus et laissez nous vous conseiller 5 webtoons adaptés en animés à découvrir sans attendre !